RECOLTE 2023 : Une année en demi-teinte

Les moissons sont achevées dans le Sud-Ouest, l’occasion pour nous de faire un premier bilan. Nous parlerons principalement des secteurs où sont nos clients, nos silos étant basés à Auradé (32) et à Bioule (82) :

  • Est du Tarn et Garonne

  • Est du Gers

  • Ouest de la Haute Garonne


Un contexte météorologique particulier

Après un été très sec l’an passé, les cumuls de précipitations à l’automne et à l’hiver n’ont pas été suffisants pour regorger les sols. Chaque épisode pluvieux était attendu comme le messie, les céréales à paille réclamant l’eau nécessaire à leur bon développement. Les précipitations, certes pas très importantes, ont tout de même suffit à correctement assurer la croissance de nos céréales et le rendement moyen présumé début mai s’annonçait assez élevé. De plus, pour les terroirs habituellement compliqués, comme les boulbènes, le sec était une aubaine.

La saison des orages a débuté fin mai, ces derniers intervenants chaque fin de journée pendant au moins trois semaines. Leur intensité variait, allant du simple coup de vent avec très peu de précipitations à des torrents de pluie et de grêle accompagnés de très fortes bourrasques de vent. Certains secteurs, devenus couloirs, ont été davantage touchés que d’autres, mais peu de nos agriculteurs partenaires ont été épargnés par ces intempéries. Les conséquences sont une verse importante, des dégâts sur le grain puisque les épis étaient déjà formés, et de la paille couchée plus difficile à moissonner et maintenant un niveau d’humidité plus haut. Les dégâts constatés par les assureurs vont de 20% à 80%, démontrant à la fois les différences de météo d’un secteur à l’autre, mais aussi témoignant de la violence de certains épisodes orageux. Cependant, tous nos exploitants partenaires ne pouvaient pas se permettre le coût de cette assurance après deux années déjà très particulières en terme de résultats de récolte, ils ont donc subi de plein fouet les conséquences de ces orages.

Epis de blé grêlé.

 

Un bilan de moissons 2023 très hétérogène… 

Alors que la moisson estivale 2023 s’annonçait sous de bonne augures de rendements et de qualité, le bilan est finalement beaucoup plus mitigé. Les échanges avec nos agriculteurs à propos de leurs résultats pour cette récolte 2023 se suivent mais ne se ressemblent pas. Le moins que l’on puisse dire est que ce millésime 2023 a un impact fortement différent pour chacune de nos exploitations partenaires.

Les rendements les plus faibles sont éloignés des meilleurs d’au moins 15 quintaux par hectare, cet écart pouvant aller à près de 30 quintaux par hectare. Et ces disparités se font même ressentir d’une parcelle à une autre. Voici nos rendements moyens par céréale :

  • Orge : de 50 à 60 qtx (plus faible : 35 qtx, plus haut : 70 qtx)

  • Blé tendre : de 55 à 60 qtx (plus faible : 45 qtx)

  • Blé améliorant : de 45 à 60 qtx (plus faible : 35 qtx)

  • Blé dur : de 45 à 55 qtx (plus faible : 30 qtx)

Nos rendements les plus faibles concernent la majorité du temps des parcelles ayant subi la grêle et les forts coups de vents.

Champs de blé

Au-delà de ces rendements disparates, les qualités ont également pâti de cette météo capricieuse. En effet, les pluies ont continué jusque pendant la période de collecte, les moissons s’étalant de fait du 08 juin au 22 juillet. Les épis formés et à maturité ont donc été altéré par cette humidité supérieure aux normales et à ce qu’ils peuvent tolérer pour garder une qualité optimale. Si nous avons donc constaté des taux de protéines en moyenne plutôt élevés par rapport aux années précédentes, les Poids Spécifiques sont eux tirés vers le bas. Egalement, nous avons dû prêter attention aux grains germés sur pied. La conséquence de la germination sur pied est la forte diminution du temps de chute Hargberg, élément qualitatif essentiel pour le travail du grain par les industriels par la suite. Dernier élément que nous avons dû surveiller, la présence de fusariose. En effet, dans les échantillons que nous prélevions à chaque benne apportée dans nos silos, nous avons pu constater la présence de grains rouges. Comme pour les rendements, la qualité du grain récolté est fortement variable, d’une exploitation à une autre, d’une parcelle à une autre même.



…et un contexte de commercialisation inédit encore une fois

Comme vous pouvez le voir sur l’image en dessous (courbe des cotations Euronext pour le blé), le marché a commencé à fluctuer légèrement plus qu’avant à partir de fin 2021. Le premier trimestre 2022 initie les fluctuations violentes que nous connaissons depuis, avec certaines journées enregistrant des deltas de cotations de plus de 20€.

Si 2022 incitait les agriculteurs à engager leur récolte avant la moisson, 2023 fait l’inverse. En effet, en 2022, plus la récolte se rapprochait, plus les prix montaient, avec un pic au plus haut causé par la guerre opposant l’Ukraine et la Russie. Or, lorsque l’on regarde la courbe pour 2023, les cours sont orientés à la baisse, incitant les agriculteurs à attendre pour commercialiser leur récolte. Au commencement des moissons 2023, nos agriculteurs avaient engagé seulement 35% de leur récolte finale contre environ 80% en général.

Ce pari est risqué, et si les cours sont remontés depuis la mi-juillet, ils n’atteignent pas le niveau d’octobre 2022. De plus, la hausse de ces deux dernières semaines était imprévisible puisqu’elle est due au contexte géopolitique de la guerre en Ukraine et des mauvaises conditions météorologiques sur la Corn Belt aux USA.

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